Arguis, une concentre bien fraiche
Tas de Paille arrive d’Angers et la soirée à la maison est bien sympa, Daniel nous montre la mappemonde en faisant un récit succinct de ses multiples voyages sur tous les continents : Le Canada pendant plusieurs mois, l’Afrique plusieurs fois, celui qui me plait pas mal c’est le tour de la Méditerranée Italie, Grèce, Turquie, Egypte, Algérie, Maroc, Portugal… Voyage fait début des années 80 en BMW 90 S et en solitaire.
Le samedi matin, départ à 8h00 de Neuvic avec une belle gelée, ensuite c’est le brouillard pratiquement jusqu’à Mont de Marsan, rencontre surprise à Orthez avec Rocky ( premier possesseur de mon side) une pause bla-bla sur la place de la ville et c’est reparti direction Oloron et la vallée d’Aspe bien enneigée pour rejoindre le tunnel du Somport. Une petite faim nous impose de faire une pause déjeuner après Canfranc dans un petit restau où j’ai l’habitude de faire une halte.
La route de Jaca à Arguis est encore en travaux, la démolition de la montagne continue, un vrai désastre: des viaducs, des tunnels…. La montagne est rabotée de tous les cotés.
Arguis aussi change de visage, l’accueil et le grand feu ne sont plus sur le bord de la route, ils sont sur le campement qui domine le lac, la concentre est sur un site naturel et les conditions d’organisation changent. Même le légendaire restaurant Lafoz est fermé. Un chapiteau qui abrite un machine à bière a été installé près du feu.
450 motards dont un bonne cinquantaine de français ont planté sur le site, les tentes se touchent presque. Nous retrouvons les copains français, des habitués comme Michel et Anne-Marie accompagnés du jeune Manu, Eric des Goupils, Patrice de l’Ephémère, Kiki, quelques Culs Tannés (Jean-Marie, Claude, Philippe, Gabriel, Richard le grand trésorier du club.) Rien ne manque à notre table, un bonne garbure bien chaude et qui tient au corps pour commencer, le foie gras, les grillades, le fromage du Soulor, quant aux boissons elles seront bien fraiches, la température est plus que négative.
Moins 5 à l’extérieur et peut être 1 ou 2 degrés de plus dans la tente, allez on se couvre bien, deux duvets seront à peine suffisants, je ne voudrais pas que la crève que je traine depuis les Millevaches dégénère.
Vers 8h30 un petit café chaud est le bienvenu, c’est Claude qui a le seul réchaud dont le gaz n’a pas gelé, tout est blanc aux alentours et comme toujours à Arguis le soleil a beaucoup de mal à sortir de la montagne toute proche.
Il faut déjà plier les tentes et charger les motos 430 kms nous séparent de Neuvic. En faisant le tour du side mes yeux se posent sur l’amortisseur de direction, je ne rêve pas il est en deux parties, il est bel et bien cassé, je l’attache avec une sangle pour pas qu’il se balade et avec Daniel nous partons. Arrivés sur la route, le side est impossible à conduire, le guidonnage est important et dangereux, arrêt sur le bord de la route, Daniel me dit qu’en mettant un tendeur ça devrait aller mieux, 200 mètres plus loin c’est pareil, un deuxième tendeur bien tendu cette fois, ça guidonne moins mais je ne peux plus tourner à gauche et je suis obligé de forcer du bras droit pour repousser le guidon qui revient avec force. Encore un arrêt pour détendre les tendeurs et trouver le juste équilibre, c’est reparti à vitesse très modérée, Daniel me suit avec les feux de détresse, encore un arrêt pour un ultime réglage de tension et nous repartons, je roule à 60km/h je tire du bras gauche et pousse du bras droit. Quoi faire, l’assistance ? je vais essayer de passer la frontière, faire une pause à Pau mon ancien pays, trouver un garage et faire ressouder la tige qui a cassé….. Plein d’options, je prends un peu d’assurance en descendant la vallée d’Aspe, j’en ai plein les bras à force de forcer j’en ai mal aux cervicales.
A Orthez nous faisons le plein et une pause casse-croûte enfin un peu de repos pour les muscles, plus que 250 kms.
Donc nous continuons, en dessous de 60 km/h ça guidonne, au dessus de 80 km/h ça guidonne. Dans les virages à droite quand le tendeur se détend ça guidonne encore, pour les virages à gauche je force comme un malade sur les bras pour détendre les tendeurs et dans les lignes droites je suis obligé de forcer pour garder le cap sinon le side part dans le fossé. A à St Justin, j’ai eu un instant de relâchement et j’ai pris un trottoir, le pneu du side doit encore s’en souvenir.
Après plus de dix heures de conduite et une arrivée à la nuit nous arrivons enfin à Neuvic, je suis usé et j’ai mal partout.
Mymi nous accueille avec un sourire qui remonte le moral, ça fait du bien.
Après le rituel de retour de concentre (douche chaude, soupe chaude) c’est devant la cheminée que nous finirons la soirée, merci encore Daniel de m’avoir suivi durant 430 kms, c’était rassurant de te savoir derrière moi. Pour ceux qui se posent la question de savoir à quoi ça sert un amortisseur de direction, je peux vous garantir que sans, le side est impossible à conduire.
Merci encore à Javier et toute son équipe pour cette belle hivernale bien froide.
A bientôt l’Espagne, rendez-vous à la Leyenda Continua.